L’île de Vancouver

Notre voyage touche à sa fin, il nous reste une petite quinzaine de jours avant le retour. Dans la préparation de notre itinéraire, nous avions prévu de visiter une grande partie de la côte ouest Pacifique. La continuité par le Canada était assez logique puisque pour rejoindre Montréal, nous devions prendre un avion à Vancouver. La ville de Vancouver a sans doute beaucoup de choses intéressantes à montrer, mais nous souhaitions avoir accès à l’océan et aux forêts sans faire trop de route. Vancouver Island se prêtait parfaitement à nos critères, et visiter cette île nous faisait rêver depuis longtemps.

Au départ de Portland nous avons pris le train en direction de Seattle. C’était notre deuxième expérience de train aux États-Unis. La première pour relier New York à Boston s’était parfaitement déroulée avec seulement 5 minutes de retard. Autant dire rien au vu de la complexité des réseaux et du nombre de trains. Cette deuxième expérience s’est aussi très bien passée, avec cette fois un retard de plus de 45 min. Nous avons été surpris de la petite taille des gares pour des villes aussi grandes que Portland et Seattle, relevant le fait que les Américains ne prennent presque pas le train. C’est dommage car on profite bien du paysage, les trains sont très confortables et surtout on peut faire autre chose que conduire. Nous avons pas mal roulé pour nos déplacements, avec beaucoup d’embouteillages, que nous trouvions de plus en plus pénibles. Le trajet en train s’est arrêté à Seattle, pour une correspondance vers Vancouver en bus. La frontière canadienne est arrivée au bout de deux heures de route. Ce fut juste une formalité, les douaniers canadiens paraissant faire moins de zèle que leurs voisins américains.

Nous voilà donc sur le sol canadien. Il nous restait encore une bonne heure de transport avant de rejoindre notre logement. On a pu admirer la façon que les Canadiens ont d’attendre les bus calmement, en belles files indiennes.

Le lendemain nous avions une heure pour rejoindre l’embarcadère de Tsawwassen en bus. On était assez cools ce matin-là, on avait envie de prendre le temps après notre longue journée de voyage de la veille. Vraiment trop cools, car on s’est embrouillés dans les horaires et quand nous sommes arrivés devant l’arrêt de bus et que nous avons vu que le prochain passait 50 minutes après, on a eu un petit moment de solitude. Nous sommes retournés voir nos hôtes pour leur demander conseil sur d’autres moyens de rejoindre l’embarcadère. Sans hésiter une seconde, ils ont pris leurs clés de voiture, vidé le coffre et nous y ont déposés directement. Super sympas !

L’île de Vancouver est desservie par différents moyens. Le ferry est bien développé pour permettre aux habitants de circuler entre l’île et le continent et pour tous les visiteurs qui souhaitent accéder à l’île avec leur véhicule – ils sont très nombreux à le faire. Deux embarcadères permettent de relier les villes de Nanaimo ou Victoria, plus au sud. L’avion ou l’hydravion sont aussi deux autres moyens de relier l’île par les airs, pour ceux qui sont pressés et qui ont les moyens. Comptez 350$CA (210€) pour un aller-retour pour une personne pour environ 35 min de vol. En comparaison, le ferry coûte 120$CA (72€) pour quatre personnes aller-retour. Le passage par bateau, d’un peu moins de deux heures, est très agréable et si on est chanceux on peut voir des baleines.

Nous avons séjourné une semaine dans la ville de Nanaimo (99 863 hab), située sur la côte nord-est de l’île. C’est la deuxième ville la plus importante de l’île après Saanich (117 000 hab). Victoria est la capitale de la Colombie Britannique. Avec ses 32 134 km² ( 460kmx80km, un peu plus grande que la Belgique), l’île de Vancouver est la onzième plus grande île du Canada. A titre de comparaison, la Corse compte une surface de 8722 km².

Vancouver Island est située sur une zone sismique importante et a connu de nombreux tremblements de terre, dont un en 1700 de magnitude supposée de 8,7 à 9,2 et qui a généré un tsunami important.

Côté population, on retrouve des traces des premiers habitants il y a environ 8000 ans. Des sites protégés conservent des pétroglyphes des habitants de l’époque que l’on peut admirer à différents endroits de l’île.

L’économie repose en premier sur la sylviculture. On peut voir le long du port de Nanaimo des scieries qui exploitent le bois. L’originalité de la région, c’est le transport du bois par la mer. Les troncs sont rassemblés et mis à flotter, et tractés par un remorqueur. Cette industrie du bois est pourvoyeuse d’emplois mais aussi destructrice d’écosystème. Jusqu’en 2016 elle avait selon les estimations abattu 90 % des arbres de plus de 300 ans de l’île (source Wikipedia). Le symbole de cette destruction est un immense Douglas (Pseudostuga mensizii) estimé à plus de 1000 ans, qu’un bûcheron exploitant une parcelle a sauvé en l’entourant d’un ruban vert pour le protéger. Aujourd’hui cet arbre arbre est le symbole de la protection des forêts primaires de l’île.

La pêche et le tourisme viennent compléter les activités économiques. Nous avions (trop) peu de temps pour nous aventurer aux quatre coins de l’île, nous sommes donc restés autour de Nanaimo, marchant sur le sentier côtier, dans un petit parc, alternant avec quelques baignades dans une eau plus chaude qu’en Oregon (autour de 18°C). Les deux principales explorations ont été pour le Milner Botanic Gardens and Woodland, un jardin botanique situé en front de mer, et une sortie en mer au départ de Victoria pour aller rencontrer des baleines.

La première visite était très intéressante, le jardin d’un style purement anglais alternant avec de beaux boisements naturels avec toutes les strates des forêts humides représentées. Ce jardin appartient à l’université de Vancouver qui y mène des études sur le végétal et propose de la pédagogie pour le grand public. Un joli belvédère clôt la balade avec une vue sur le Passage intérieur, nom donné au bras de mer situé entre l’île et le continent. Avec un peu de chance (Céline en a eue), on peut voir des baleines de ce point de vue. Le seul petit regret c’est de ne pas avoir eu le temps de beaucoup flâner, car comme de nombreux parcs aux États-Unis et au Canada, il ferme très tôt, 17h.

La deuxième sortie était maritime. Elle a été d’abord assez tonique, car nous avons embarqué sur un petit bateau, avec une trentaine de personnes. Le capitaine, super pilote, nous a emmenés à grande vitesse vers les îlots où les courants de marée brassent l’eau et rassemblent la nourriture pour les oiseaux et les mammifères. Sur les îlots nous avons pu observer lions de mer, phoques, cormorans de Brandt, goélands argentés, guillemots colombins, mouettes de Sabine et un pygargue à tête blanche. Malheureusement pas une baleine, ni orque, à l’horizon. La compagnie que nous avions choisie est très engagée dans la protection des milieux marins et n’emmène pas les touristes n’importe où, si cela risque de créer des dérangements . Néanmoins elle garantit l’observation de baleines. Donc quand on n’en voit pas elle offre une seconde chance sans limite de durée. Si nous repassons dans le secteur un jour, nous savons que nous pourrons revenir tenter notre chance, en espérant que les baleiniers japonais n’auront pas tout chassé d’ici là 🙁

Nous avons passé un peu de temps dans le port de Nanaimo à observer l’activité quotidienne. Le port est très vivant et l’activité y est intense, entre tous les plaisanciers qui circulent pour des balades ou des départs en pêche, les ferries qui font leurs rotations, les touristes qui déambulent, les locaux qui pêchent les crabes sur les pontons. Si vous ajoutez les hydravions qui décollent et amerrissent en se frayant un chemin parmi tout ce monde, cela donne un joyeux spectacle.

Nous avons quitté Nanaimo sous un ciel couvert avec comme paysage les brumes enrobant les montagnes de l’île, avec le regret de quitter ce bel endroit et la fin du voyage qui approche, mais aussi réjouis à l’idée de retrouver notre maison et notre pays. Une dernière étape à Montréal pour boucler la boucle et ce sera le retour mi-août pour la France.

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