Il y avait un musée que l’on ne voulait pas manquer, c’était celui d’Ellis Island, le musée de l’immigration. Nous avions repéré sur le plan que notre logement était assez proche de l’île et qu’il y avait une passerelle pour y accéder à pied. Parfait, c’était dimanche, ça nous disait bien de rentrer de bonne heure. En marchant nous avons traversé le Liberty State Park, qui offre une belle vue sur Manhattan. Lorsque nous sommes arrivés près de la passerelle, nous commencions à nous engager quand nous avons entendu un coup de klaxon. Cela provenait de la grosse voiture de police garée à l’angle. Moteur tournant pour que la clim fonctionne et rafraîchisse son occupant. On nous a signalé qu’il n’était pas possible de se rendre à pied sur l’île et qu’il fallait prendre les ferries qui font la liaison entre les îles. Nous nous sommes donc dirigés vers l’embarcadère, ce qui nous a permis au passage d’admirer le magnifique hall de gare restauré et les vieux quais de la gare désaffectée, un contraste saisissant.

Pour accéder au bateau nous avons dû nous soumettre à un contrôle digne d’un aéroport. Pas de bol, Manu avait son opinel dans sa poche… Demi-tour pour trouver un pot de fleur où le cacher et enfin pouvoir embarquer sur un vieux rafiot qui nous a déposé sur Ellis Island.

New York était la porte d’entrée principale des immigrants (souvent les passagers de 3e classe, les passagers plus aisés bénéficiant d’une visite directement sur le bateau) de la fin du 19e siècle jusqu’à sa fermeture en 1954. Les immigrants arrivaient principalement d’Europe pour rejoindre de la famille, échapper à la famine (Irlande), la pauvreté, des persécutions ou simplement tenter leur chance dans ce nouveau monde. Pour pouvoir rentrer aux USA, ils devaient obligatoirement passer au travers des lignes des contrôles médicaux et légaux, ce qui se passait sur Ellis Island, où ils arrivaient en ferry depuis le port de New York. La grande majorité parvenait à rentrer sur le territoire américain.

Les bâtiments sont restés à l’abandon pendant plusieurs décennies. Ils ont été magnifiquement restaurés à l’image de la période qui a vu le plus d’immigrants se succéder. Le Great Hall, où chacun attendait son tour pour l’inspection est très impressionnant, avec une hauteur de plusieurs mètres et une coursive le long de l’étage supérieur.

La visite s’organise autour du parcours des personnes qui arrivaient sur l’île, en débutant par la visite sanitaire qui commençait dès la montée de l’escalier. En effet les médecins attendaient à l’étage et faisaient un premier examen très rapide en observant les immigrants et en repérant les signes les plus évidents de maladie. Il faut imaginer l’état de fatigue et de désorientation après plusieurs semaines de navigation dans des conditions difficiles, il devait être difficile de faire bonne figure. Contrairement à ce que l’on croyait les malades étaient soignés autant que possible, plusieurs bâtiments hospitaliers se situaient à l’arrière.

Venait ensuite la vérification des papiers. Là c’était encore une autre étape angoissante, avec souvent la barrière de la langue malgré la présence d’interprètes. On peut lire les registres qui consignaient les informations sur chaque personne.

On découvre les dortoirs spartiates, les réfectoires. Le contrôle pouvait se faire en quelques heures mais certaines personnes restaient sur l’île plusieurs jours, voire des semaines ou des mois le temps de soigner une maladie, de régler des papiers, de recevoir de l’argent. On apprend que les femmes seules ou avec enfants, en tout cas sans mari (!), devaient attendre que quelqu’un vienne les chercher. Il y a même eu des mariages célébrés sur l’île pour cette raison.

On imagine sans peine l’angoisse des immigrants qui avaient parfois tout vendu pour s’acheter un billet et avaient tout quitté pour commencer une nouvelle vie qui devait être franchement effrayante.

Les photos sont émouvantes, on voit les visages tendus, souvent fatigués, les possessions d’une vie qui tiennent dans quelques sacs.

Visiter Ellis Island ne laisse pas indifférent. Les photos datent parfois de plus d’un siècle mais résonnent toujours aujourd’hui.

En sortant nous avons repris le bateau pour repartir vers Manhattan, avec étape obligatoire sur l’île de la Statue de la Liberté. Nous qui ne tenions pas spécialement à la visiter de si près, nous voilà au pied de la grande dame, qui fait son petit effet malgré tout!

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