Cette ville est tellement grande qu’il nous a fallu plusieurs jours pour certainement pas en faire le tour, mais entrevoir ses contours et ses limites.
Nous avons poursuivi notre visite par la découverte du pont de Brooklyn. Pont célèbre dans le monde entier par l’histoire de sa construction qui a connu pas mal de péripéties et sa silhouette caractéristique.
Avant de traverser ce pont mythique, revenons quelques instants sur le détour que nous avons fait pour y arriver. Un des objectifs de notre passage à New York était d’avoir un aperçu des initiatives et des avancées techniques dans les parcs pour l’adaptation de la ville aux changements climatiques. Pour cela la ville a mis en place un site internet avec une présentation de ses parcs, ainsi qu’une carte interactive des actions et projets réalisés sur le territoire. Beaucoup de ces actions concernent la désimperméabilisation des revêtements pour favoriser l’infiltration de l’eau. Nous avions repéré une réalisation plus végétale, qui correspondait à notre parcours. Ce jardin de pluie est situé tout près d’une école en parallèle de la route.
Avant de décrire ce que nous avons vu, une petite explication sur ce qu’est un jardin de pluie. Il s’agit d’un aménagement urbain, végétal, qui a pour but de récupérer les eaux de ruissellement. Ces eaux viennent irriguer les végétaux, qui en contrepartie rafraîchissent l’air ambiant en cas de fortes chaleurs. La difficulté dans ce genre d’aménagement est de trouver des plantes qui sont capables de survivre avec des amplitudes d’humidité du sol très importantes (c’est un des objectifs principaux de notre projet). Pour résumer, l’hiver le sol peut être engorgé et l’été complètement sec. Le positionnement de ces ouvrages est calculé en fonction de la topographie du terrain et doit pouvoir recueillir un maximum d’eau. Ces espaces peuvent être entourés de bordures sur une partie de leur périphérie, mais un des côtés au moins doit se trouver au même niveau que l’écoulement des eaux. Cette petite précision est importante pour comprendre la description de l’ouvrage que nous avons vu.
Nous y sommes parvenus après un trajet en bus à travers Chinatown. Nous avons marché un bon moment sous une chaleur pesante, avant d’arriver devant l’ouvrage qui n’était au final qu’un simple massif surélevé composé de quelques arbustes. Autant, vous dire qu’Elina, notre fille, n’a pas vraiment apprécié la blague. Tout ça pour ça ! L’ouvrage que nous avons vu ne se distingue pas vraiment d’autres massifs et ne justifie pas son appellation de jardin de pluie. La communication a peut-être été exagérée sur ce coup-là. On ne va surtout pas généraliser cela à toute la ville de New York, mais c’est vrai que nous avons été déçus par celui-ci.
Nous avons poursuivi notre marche vers le pont de Brooklyn en suivant l’East River et nous sommes tombés par hasard sur un petit parc qui n’apparaissait pas sur la carte et que nous avons trouvé beaucoup plus intéressant : plus d’impact en terme de récupération d’eau, plus de diversité végétale et plus de bien-être ressenti.
Continuons notre chemin vers ce fameux pont. On peut l’apercevoir de loin et c’est vrai qu’il est impressionnant avec ces grands piliers de pierre et ces haubans métalliques. Avant ce pont, les liaisons entre Brooklyn et New York, qui étaient alors deux villes distinctes, se faisaient par ferry. Pour faciliter et sécuriser les déplacements et permettre aux véhicules d’accéder partout, la construction d’un pont a été actée. Sa réalisation fut confiée à l’architecte allemand John Augustus Roebling. Malheureusement pour lui il a perdu la vie sur le chantier de construction. La continuité du chantier a été assurée par son fils Washington, mais celui-ci fut victime en 1872 de malaises liés à la décompression des caissons nécessaires à la construction du pont. C’est Emily Warren Roebling, l’épouse de Washington, qui l’a remplacé sur le site pour donner les instructions.
Le pont fut inauguré le 24 mai 1883. Les travaux ont duré 14 ans et ont coûté plus de 15 millions de dollars. C’est une magnifique réalisation. Il était à l’époque de sa construction le plus grand pont suspendu. Le pont de Brooklyn a été utilisé par des voitures à chevaux, des trolleys, des trains et des trams jusqu’en 1950. Il est maintenant divisé en six voies pour les véhicules motorisés, mais pour des raisons de vitesse et de poids, il est interdit aux camions et aux bus.
Au centre, un passage surélevé est réservé aux piétons et aux cyclistes. C’est une voie réservée donc on peut traverser le pont sans se soucier d’où l’on marche, mais la sensation peut être oppressante car on est juste au-dessus des voitures donc on profite malgré tout des gaz d’échappement et du vacarme de la circulation.
Ce pont est célèbre, vous imaginez bien que nous n’étions pas les seuls à se dire que ce serait sympa de le traverser. C’est un lieu très touristique à New York. Cela s’explique par le pont en lui-même et aussi par le point de vue sur Manhattan qu’il offre lorsqu’on le traverse. Nous l’avons donc traversé, toujours sous le soleil de plomb, pour rejoindre de l’autre côté le parc de Brooklyn Bridge. (C’est vrai, ils ne se sont pas trop foulés pour le nom). Au passage un marchand de glace nous a coupé la route et ce petit rafraîchissement était le bienvenu. Le parc n’avait rien d’extraordinaire en lui-même, mais c’est un bel îlot de fraîcheur pour les habitants du quartier qui peuvent venir profiter des pelouses vertes tout en admirant la vue sur la skyline de Manhattan. À titre de comparaison pour ceux qui connaissent, cela fait penser à Trentemoult, mais à l’échelle américaine.
Le pont permet donc de relier ces deux quartiers de New York à pied, à vélo ou en voiture, mais les ferries existent toujours. Les bateaux sont un bon moyen pour admirer la ville avec un peu de recul. C’est ce que nous avons fait en prenant un ferry au départ de l’embarcadère de Brooklyn pour rejoindre l’autre rive. De l’autre côté nous avons pris un autre ferry qui nous a emmené sur Staten Island. Les ferries qui font les liaisons avec Staten Island sont gratuits et ont été mis en place pour favoriser l’installation de population sur l’île. Il est possible de les emprunter à pied ou en voiture. Il y a des rotations toutes les 20 minutes environ, 24h/24. Nous avons pris un de ces bateaux en fin de journée pour aller admirer le soleil couchant sur New York. Nous avons débarqué sur l’île et nous sommes installés sur un banc sur l’esplanade. On ne se refait pas, nous avons sorti notre pique-nique et admiré le spectacle. Nous n’avons pas été déçus, le soleil se reflétait sur les immeubles, c’était magnifique. Progressivement la lumière naturelle a été remplacée par la lumière artificielle de la ville, ce qui change vraiment sa physionomie. Le trajet retour était de nuit et nous a offert une superbe vue sur la skyline illuminée. Bon, il faut mettre de côté toute conviction écolo et juste profiter du spectacle, car c’est aussi un gros gaspillage d’énergie tout ça.
Au passage, la statue de la Liberté nous a salués amicalement. Arrivés à l’embarcadère, nous avons repris le métro pour rentrer à Jersey City.
Belle journée mais fatigante, nous ne sommes vraiment pas faits pour tant de ville !
Le jour suivant, nous nous sommes rendus à Central Park une nouvelle fois, d’abord pour visiter le MET (Metropolitan Museum of Art), un des plus grands musées du monde après le Louvre. Nous avions une paire d’heures, comme le disent les Américains, pour visiter ce monument. Ce n’est bien sûr pas suffisant pour en faire le tour, il faut choisir les salles à visiter. Nous sommes allés vers la peinture européenne du 16e au 19e siècle (Monet, Van Gogh… ça nous a donné des frissons!), en passant par de la photographie contemporaine et des affiches publicitaires du 19e siècle.
Ce qui était intéressant, en plus de la contemplation des œuvres, c’est le contraste proposé avec des performances d’artistes contemporains. Nous avons pu assister à de la danse, une superbe chorale dans l’escalier monumental, de la musique classique et un DJ.
Le musée se trouve à peu près à la moitié de Central Park. En sortant nous avons poursuivi notre visite. Nous nous sommes posés au bord du réservoir Jacqueline Kennedy Onassis pour admirer le coucher de soleil. Comme la veille, nous avons sorti le pique-nique pour admirer les reflets du soleil sur les immeubles et la ville qui passe progressivement en mode nocturne. Il était ensuite temps de rentrer, il nous restait encore une heure de transport pour rejoindre Jersey City.
Désolés pour la saturation sur la fin, les voix étaient trop puissantes. Mais on avait envie de vous partager ce moment ! Là aussi beaucoup de frissons à l’écoute de cette chorale.
Les prochains chapitres nous emmèneront vers une visite plus détaillée de Central Park et de la High Line puis, pour être en phase avec l’actualité, nous parlerons d’immigration avec Ellis Island.